DANS LE VAL DE VERGY...
La longue et grande histoire de Vergy rejaillit sur l’environnement : entre l’ancienne abbaye cistercienne du Lieu-Dieu-des-Champs et l’église de Reulle - Vergy (XIIème siècle), le patrimoine architectural de cette région est riche et varié. Citons également les châteaux de Collonges, Monculot, Entre-deux-Monts et les ruines du monastère de Saint-Vivant . Au centre de cet ensemble historique, le moulin Chevalier est un complément indispensable à l’illustration de la vie rurale.
LE MOULIN CHEVALIER
Son installation successive sur quatre sites contigus, illustre l’évolution des moulins au cours du deuxième millénaire: La première installation – en 1256 – se fait sur le Meuzin, « au fil de l’eau », l’unique meule est installée dans un bâtiment rustique dont il ne reste que les murs de fondation.
Trois siècles plus tard la création du bief, parallèle à la rivière, et long de 187m. -constituant une réserve d’eau qui permet au moulin de s’affranchir des caprices de la rivière (sécheresses et inondations) - justifie l’installation d’un nouveau bâtiment, sur la commune de Messanges. Enfin au début du XVIIIème siècle le moulin déménage sur l’emplacement actuel. Le bief est rallongé et la puissance des roues augmentée. Le bâtiment est agrandi successivement pour atteindre quatre niveaux à l’aube du XXème siècle. Toutes ces évolutions sont encore visibles.
LE MOULIN PRIMITIF (1256):
Installé "au fil de l'eau" sur le Meuzin, il a subi les multiples assauts de ce "redoutable torrent". Il ne reste que les traces du canal et les fondations du bâtiment.LE MOULIN DE 1411:
Un deuxième moulin installé 50 mètres en aval, toujours sur la rivière, ne nous a laissé que son canal (photo ci-contre) composé de très grosses dalles qui ont résisté aux crues du Meuzin. Le bâtiment reconstruit sur le même emplacement date du XIXème siècle.
LE MOULIN DE 1500:
A la fin du XVème siècle le famille Vaudion entreprend de créer un bief et les ouvrages connexes (déversoirs, vannages et digues). Le moulin est déplacé quelques mètres plus haut en bordure du nouveau bief. Ce qui lui permet d'être à l'abri des crues de la rivière. De plus le bief constitue une réserve qui permet de faire tourner la roue, même en cas de basses eaux. Et cette roue grâce à ses augets développe une puissance plus importante.En 1700, l'activité meunerie est déplacée et les mécanismes sont utilisés pour battre le chanvre provenant des nombreuses chènevières qui entourent le moulin. Deux rouissoirs sont creusés, dont l'un est toujours visible.
LE MOULIN DE 1700:
Ce quatrième et dernier moulin installé au début du XVIIIème siècle a évolué et s'est agrandi pour arriver dans sa forme actuelle en 1910.
L’établissement bien conservé –il a fonctionné jusqu’en 1983- est remarquable par l’éventail de son matériel qui va de la meule du XVIIIème siècle aux cylindres de 1950. L'ensemble rouet de fosse et meules est en parfait état. L'ancien logement du meunier qui avait été transformé en lieu de stockage, a retrouvé son aspect d'origine. Les murs extérieurs du moulin, ayant été construits à partir de matériaux provenant de la démolition du monastère de Saint Vivant, laissent apparaître quelques pierres intéressantes. Sur quatre niveaux et 950m2 sont présentées les machines utilisées traditionnellement pour la fabrication de la farine ; les récents travaux facilitent l’accueil sécurisé du public dans le cadre d’une présentation de type écomusée.
Cette initiative – pour laquelle l’association a reçu le label
«Patrimoine 2000» - permet de faire revivre techniques et énergies de la meunerie au cours des derniers siècles.
P our les relations du moulin CHEVALIER avec l'abbaye de CLUNY , cliquez ici
SAINT ROCH
La façade du moulin Chevalier, côté
cour intérieure, révèle une très belle statue de Saint Roch placée dans une
baie, tapissée de pierres à trous du Jura(1). Elle mesure environ
1,30 m de haut et est en bon état de conservation. Seul le pied gauche est ébréché.
Le Saint tient son bâton de pèlerin ; il est accompagné sur sa gauche du
chien qui lui porte un morceau de pain et sur sa droite d’un angelot. En effet,
selon la tradition, Roch, atteint de la peste, se retire dans une cabane où un
chien lui apporte chaque jour un petit pain. Guéri miraculeusement il est
invoqué durant les épidémies et pour combattre les maladies
contagieuses(2).
Il est aussi le Saint Patron des
personnes dont le métier touche à la pierre. C’est sans doute à ce titre que la
statue de Saint Roch est présente au moulin.
Son origine n’est pas connue avec précision.
Elle date -selon les spécialistes- de la fin du XVIIIième siècle.
Elle aurait été achetée par le meunier André Picard (ou par son père Étienne)
et placée là au début du XIXième siècle lors d’un rehaussement du
moulin, la cavité ayant été réservée au moment de la construction du mur.
1- 1 Pierre
calcaire contenant de nombreux trous formés par la dissolution de certaines
parties sous l’effet de l’acidité de l’eau. Aujourd’hui ces pierres sont
protégées et interdites de ramassage.
2- 2 Voir Hozana ici
LA CROIX "PICARD" ou Croix du moulin Chevalier:
A quelques mètres du moulin Chevalier, à la jonction des routes de L’Etang-Vergy et Segrois, on voit un très beau calvaire composé d’une croix en fer forgé élevée sur un socle cylindrique en pierre reposant sur une meule d’huilerie. Erigé par le meunier (et astrologue à ses heures) André PICARD, ce monument élancé d’une hauteur de 4m50, entouré de cinq bornes tronconiques est original du fait des graphismes et emblèmes astrologiques représentés. Depuis 150 ans tous ceux qui approchent le calvaire en font le tour pour déchiffrer les inscriptions. Ce qui permet de vérifier la prophétie du meunier: «j’ai fait tourner pendant ma vie et je ferai encore tourner après ma mort ».
Propriété du moulin Chevalier, le calvaire a été restauré par la famille Bonnard en 2004. Pour honorer le 150ème anniversaire de la Croix Picard, un livret rappelant son histoire a été mis en vente lors des journées du Patrimoine. Pour recevoir ce livret par correspondance voir rubrique "La boutique". Photos complémentaires ICI
AUTRES ÉLÉMENTS REMARQUABLES:
- Le logement du meunier et sa cheminée monumentale,
- Un très rare rucher-mur (pour ruches en paille) .
- Le lavoir. - Les murs intérieur du moulin sont tapissés de graffiti. Le visiteur peut ainsi découvrir un mode d'expression scriptural de la société rurale: graffiti "utilitaires" du meunier (comptes) ou des artisans ayant travaillé dans le moulin ; graffiti "mémoriaux" des clients attendant la mouture. |
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